• Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politique

    Dada : cheval, jouet (dimension ludique) ; cheval de Troie (danger) ; au revoir (internationalisme).
    Dada, dadaïsme, est un terme créé par Hugo Ball et Richard Huelsenbeck. Le nom du groupe est réellement appelé DADA et il est déjà dans la critique artistique.
    C'est un mouvement né en Suisse au courant de la Première Guerre Mondiale. C'est un groupe qui se réunit pour s'élever contre les idées sociales et politiques de l'époque. 
    Le précurseur de l'époque est Marcel Duchamp.

    Dada à Zurich, le travail sur les mots et le langage
    En 1916, le Cabaret Voltaire s'est formé afin de créer des divertissements artistiques (cf. à la Serata). Il devient un lieu d'improvisations sonores. 

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    Hugo Ball : "Cabaret Voltaire. S'est formé sous ce nom, un groupe de jeunes artistes et écrivains dont l'objectif est de créer un centre de divertissement artistique. L'idée de ce cabaret est d'accueillir des artistes qui donneront des spectacles musicaux et des conférences lors de rencontres quotidiennes. Les jeunes artistes zurichois, indépendamment de leurs orientations esthétiques, sont invités à venir présenter leurs suggestions et leurs contributions de toutes sortes".

    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueLe mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueLes principaux artistes de Dada sont : Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Marcel Janco, Tristan Tzara et Hans Arp. 

    Le Cabaret Voltaire est donc un lieu d'improvisations où langage, corps et objets vont se rencontrer,s'entrechoquer pour donner naissances à des discours, des poèmes basés sur la notion d'absurde.

    Malaxer le langage et les mots

       Raoul Hausman, Kp, erioUM, 1919                             Raoul Hausmann, Kp, erioUM, 1919      

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    Le Cabaret devient vite un "malaxage" du langage. On a un rapport absurde du langage. 

    - Tzara : réduire la phrase signifiante (la syntaxe) à de simples mots signifiants puis à la lettre et au son.
    - Hans Arp, Contexte : "Dada cherchait à remplacer le non-sens logique des hommes d'aujourd'hui par l'intensité illogique".

    "C'est pourquoi nous tapions de toutes nos forces sur le gros tambour. Tandis que grondait le lointain tonnerre, nous collions, nous récitions, nous cherchions un art élémentaire qui devait sauver les hommes de la folie furieuse de ces temps".

    On remarque une indépendance et une vigilance de ces artistes, contre toute forme d'autoritarisme.

    Poème sonore et collage

    https://soundcloud.com/paragrafosdeaudio/som27  Raoul Hausmann
    Les artistes du Dada travaillent avec et sur tous types de support.

    Jean ARP

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    C'est à la fois des collages mais également des sculptures. Ces collages sont une déclinaison visuelle du poème sonore. On a un refus de tout idéalisme de perfection et de pureté, une volonté d'échanges, de mélanges, d'associations et de confrontations.

    Dada à Berlin : le travail sur les objets pour une oeuvre d'art totale
    Le Contexte de la République de Weimar.

    - Fin 1917 : fermeture du cabaret, migration à Berlin, politisation du mouvement
    - Club Dada, avec aussi : George Grosz, Raoul Hausmann et John Heartfield
    - Guillaume II abdique et le parti socialiste fonde la République de Weimar
    - Les artistes à berlin sont souvent communistes voire même anarchistes et s'opposent à la bourgeoisie
    - Joahnes Barmer s'introduit dans le hall de Weimar
    - Première foire internationale Dada à Berlin : cela donne l'occasion d'exposer pour les artistes. Cette foire fut organisée par les artistes dada le 24 juin 1920, donc 4 ans après la naissance du Cabaret Voltaire à Zurich. C'est à la fois l'apogée et la chute de Dada. Une fois que toute cette exposition fut faite, les artistes se concentrent sur leur travail et laissent un peu de côté le mouvement.

    "L'art que nous voulons n'est ni prolétarien, ni bourgeois, le prolétariat est un état qui doit être dépassé comme la bourgeoisie. Le communisme est aujourd'hui une cause déjà aussi bourgeoise que le socialisme majoritaire. Ce que nous préparons au contraire, c'est une oeuvre d'art totale qui se propulse au-dessus de toutes les affiches publicitaires de la dictature communiste".

    La "Première foire internationale Dada", le 24 juin 1920 : de nouvelles stratégies d'exposition.
    1) Saturer l'espace d'exposition

    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueExiguïté, profusion, bruits : renversement de l’idéologie de l’espace muséal.Galerie Burchare : stratégie de l'exposition. Cela leur donne dans cette petite galerie la possibilité de repenser les principes. Cette exposition requestionne le statut de l'œuvre et de l'artiste.

    Les murs sont souvent blancs pour laisser la lisibilité alors qu'ici les murs sont totalement saturés. La saturation de l'espace est une caractéristique de cette galerie.

    On perd une clairvoyance des œuvres, on exploite l'exiguïté des lieux et ils en profitent. Ce qui dérive de ces expositions c'est le bruit. Le bruit fait aussi parti de la contrainte du lieu. Cette expo est aussi une manière de critiquer la manière d'exposer. Cette saturation brouille l'image et la lecture.

    2. Brouiller la perception du spectateur : le sens de la lecture, le sens de l’image.

    - volonté d'activer et agiter le spectateur. Le regard du spectateur est guidé uniquement par la volonté personnelle du spectateur. Il s'agit avant tout d'éduquer le spectateur mais il faut aussi le guider. Il faut agiter le sens critique du spectateur. On sollicite le spectateur par une graphie très dense et par des textes très forts qui permet l'engagement.

    3. Récréer l’espace de la rue
    -contre le musée, volonté de mélanger art et vie :
    « Dada est le contraire de l’inexpérience de la vie ».

    Le mouvement dada essaie ici de recréer l'ambiance de la rue. 
    Pour recréer cet espace de la rue : tracks, affiches, atmosphères sociales et politiques. 
    Cette idée vient contre l idée des musées. Idée de mélanger l'art et la vie. Il y a également une volonté d'acquérir le beau.

    Contre la sculpture : l'objet dada.
    Objets issus du réel pour critiquer les conventions artistiques, sociales et politiques.
    L'objet dada est un objet bizarre constitué d'objets du quotidien, issus de la culture populaire pour donner une figure ni abstraite ni vraiment illusionniste ni réaliste. Il y a une volonté de critique très forte et cela dans tous les objets Dada.

    John Heartfield, l'archange prussien, 1919

    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politique"Pour comprendre cette oeuvre d'art, il faudra quotidiennement faire des exercices physiques de la raison de 12h par jour sur le terrain militaire de Tempelhof".

    C'est cet objet bizarre et absurde qui porte le mouvement dada à lui seul.


    Raoul Hausmann, Tête mécanique, "l'Esprit de notre temps", 1919
    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politique Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politique

     

    Sorte de tête mécanique, qui dit mécanique dit tête vide, non-sens, perte de la raison. Ils ne choisissent pas un matériau noble mais plutôt un matériau pauvre qui peut se travailler à la main.

    « Depuis longtemps, j’avais découvert que les gens n’ont pas de caractère et que leur visage n’était qu’une image façonnée par le coiffeur.* La conscience des hommes n’est faite que des accessoires que l’on colle dessus : il n’est en réalité qu’un mannequin de coiffeur bien arrangé par de jolies boucles de cheveux »
    *autrement dit par la société
    Ici Hausmann vient nous dévoiler l'esprit de son temps.

    C'est une tête vide, sans réflexion et sans conscience. L'objet dada est le résultat d'activités conceptuelles et d'une démarche politique.
    Dada déteste les grandes sculptures, il faut selon eux donner une histoire aux objets de notre quotidien.

    Johannes Baader, Ober Dada, Plasto-dio-dada-rama, (Grandeur et déclin de l'Allemagne ou l'histoire fantastique de Super-dada), 1920
    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueCette oeuvre apparaît comme une critique du monument.
    "Instructions pour la contemplation" : parodie des hiérarchies sociales et esthétiques.

    - 1er étage : la préparation de l'Ober dada (l'homme)
    - 2ème étage : épreuve métaphysique
    - 3ème étage : initiation esthétique
    - 4ème étage : guerre mondiale
    - 5ème étage : révolution mondiale
    Il va déchirer des affiches et créer de nouveaux slogans. Il est à la gloire de l'homme dada, de l'homme du quotidien, du nouvel homme politique que les artistes dada essayent de voir naître.

    De nouvelles stratégies picturales : l'invention du photomontage. 
    Le tableau Dada : le collage

    Raoul Hausman, Max Ruest, 1919
    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueCe collage est une critique de la figure humaine et également du portrait classique. Il s'agit de donner à voir comment le visage peut-être construit non pas organiquement mais culturellement. C'est une surface organisée par des signes de la culture du temps, à savoir les journaux.
     

    L'oeuvre est réalisée avec l'élément thématique de l'oeuvre : le journal. 

     Raoul Hausmann, ABCD, 1923-24

    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueC'est un collage qui tend progressivement vers le photomontage.

    "Un jour la photographie supplantera et remplacera l'art pictural"

    En effet, la photographie sera découpée et détournée. C'est l'idée du photomontage. Autrement dit, l'idée de faire un usage particulier de la photographie. 

    Ici, on voit bien qu'il y a plusieurs types de matériaux utilisés : de la photographie, des journaux, des magasines, etc. Le but est donc de prendre plusieurs visuels différents, ou typographie ou autre pour recréer une nouvelle image, un nouveau support visuel.

    John Heartfield, "le monteur dada"
    Photomontage et graphisme
    Il faut avant de parler du travail de John Heartfield, le replacer dans son contexte historique de l'époque. Autrement dit, ce sont les années où le développement des mass médias va se faire et ou l'instrumentalisation par la propagande nazie va opérer.
    Le photomontage a donc un réel enjeu politique et idéologique...
     

    Heartfield, Dix ans après, les pères et les fils, 1924
    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueSon travail est une dénonciation parfois sanglante, il crée une image politique très forte. Les dadas ont conscience du pouvoir des mots et cela passe par le photomontage. 
    La photographie c'est aussi la méfiance. C'est avant tout construire un espace visul. Il utilise le photomontage pour dénoncer. Il crée dans un double contexte : il tente de dénoncer les stéréotypes dans les magasins.
     

    Heartfield, "Protégez l'union soviétique. Manifestez le premier août contre la guerre impérialiste et le danger de la guerre", 1929.
    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueHeartfield, La signification du salut hitlérien :                          Heartfield, Plus jamais ! , 1960
    des millions sont derrière moi, 1932             

    Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politiqueCette affiche renvoie à l'ordre   Le mouvement dada entre subversion du réel et critique politique
    qui demande la charité.
    C'est une dénonciation du
    financement du parti nazi.

     

    La colombe qui est le symbole de la liberté, et ici tuée par une lame de fer, symbole de Reich...

     

    L'image n'est pas réservée à un espace clos malgré son esthétisme. L'image diffusée n'est pas simplement le fruit des artistes. 
    Le travail d'Heartfield ne diffuse pas à une idéologie, c'est une ouverture de discours.
    Il travaille à l'intérieur des codes de production de l'image. 

    Il y a un lien très fort entre le travail d'Heartfield et l'art contemporain. La publicité porte le message politique.


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