• Marcel Duchamp

    LA MODIFICATION DE L'ARTISTE, DE L'OEUVRE ET DU SPECTATEUR

    Marcel DuMarcel Duchamp, la modification du statut de l'artiste, de l'oeuvre et du spectateur.champ pose la question : "qu'est ce qu'une oeuvre d'art ?" et "qu'est ce qu'un artiste ?" . Il porte un regard réfléchit, il critique la globalité de l'art.

    Ces premiers tableaux tentent d'imiter l'impressionnisme. Il s'inspire également du post-impressionnisme et des fauves. Il s'inspire de Cézanne et de Matisse.
    A partir de 1912, Marcel Duchamp va s'inspirer d'oeuvres plus contemporaines.

    Le Ready Made : une manière de questionner le statut de l'art.
    Des premières influences à la critique des contemporains
    Nu descendant de l'escalier
    Marcel Duchamp, la modification du statut de l'artiste, de l'oeuvre et du spectateur.
    Avec cette oeuvre, il fait référence à Muybridge et à ses premières études photographiques sur le mouvement et sa décomposition.
    Ici, l'ensemble du mouvement est représenté dans une même image. C'est la décomposition du mouvement qui vient de la photographie. 
    Les futuristes vont tendre ce mouvement par la vitesse caractérisée par la machine mais Duchamp ne va pas être intéressé. Il veut représenter le "corps machinisé". Il conserve une substance organique du corps. Il essaie d'établir des liens entre le corps organique et la machine alors que les futuristes se basaient seulement sur le corps machimique.

     

     

     

    1913 : la naissance du ready-made
    Le ready-made s'est quelque chose de déjà produit. Il n'a aucune place dans un musée car il n'a pas été "fait", il n'est pas "original". Ready made veut dire "déjà fait", manufacturé, industrialisé. Duchamp va bouleversé la question de l'oeuvre d'art.

    Roue de bicyclette, 1913
    Marcel Duchamp Est ce de l'art ? Cet objet a-t-il une valeur esthétique ? A-t-il une place dans le musée ?
    C'est un acte minimal de création, un acte performatif de l'artiste qui montre le pouvoir des instances de légitimité de l'oeuvre : l'artiste, le musée et les critiques.
    Cette idée de pouvoir de l'artiste s'illustre aussi par la signature. L'oeuvre est achevée lorsqu'elle est signée, et c'est le cas de cette roue de bicyclette. Il essaie de remettre en cause le pouvoir du musée. L'objectif de Duchamp est de réfléchir au rôle de l'artiste et du musée.

    Le questionnement du statut de l'artiste
    La main ne va plus servir à créer mais à choisir : c'est le renversement du statut de l'artiste.
    Duchamp a conscience qu'une révolution industrielle est en marche. Les objets du quotidien l'intéressent. On voit vraiment apparaître la critique des notions de génie créateur, d'esthétique, d'objet unique et original, de signature.

    Urinoir, 1917
    Marcel Duchamp Marcel Duchamp

     

    Lorsque cette oeuvre est proposée devant le jury, personne ne sait qui est l'auteur, autrement dit ce "R.Mutt". Seul, Marcel Duchamp, membre du jury est au courant car il est R.Mutt. Il décida de signer ainsi car étant membre du jury il lui était impossible de proposer une oeuvre.
    Cet urinoir renvoie a l'industrialisation  car il est lui même un objet industriel. Il renvoie également à la fonction corporelle, à la matérialité et au quotidien. C'est une volonté de prendre en compte la culture industrielle : les objets fabriqués en série, du quotidien.

    Puis vient le questionnement du statut du musée et du marché de l'art. En effet, le musée est critiqué. Il est perçu comme un temple, comme un lieu de croyance. Un lieu d'exclusion où la liberté d'exposer n'est pas toujours le mot d'ordre, et où la censure est de plus en plus appliquée.

    Stratégies et développements de la critique de l'artiste et de l'exposition
    Les usages du langage
    Pour amener cette idée du jeu et de l'humour, Marcel Duchamp va travailler sur le langage. L'Urinoir deviendra alors Fontaine. En fait, il va utiliser le langage comme outil de stratégie.

    Rrose Sélavy
    Marcel Duchamp Marcel Duchamp Le titre Rrose Sélavy, est un vrai jeu de mots. En effet, si l'on traduit on trouve "Eros, (le dieu de l'amour), c'est la vie".
    Cette oeuvre lui permet de contester le statut de l'artiste (en refusant le nom propre) masculin (par le travestissement).
    "C'est le spectateur qui fait l'oeuvre"
    C'est une invitation pour le lecteur à construire le sens du récit, la liberté et l'ouverture de l'oeuvre.

    Belle Haleine, Eau de Voilette

    Marcel Duchamp Marcel Duchamp Marcel Duchamp

     

     

     

     

    Il joue beaucoup sur le jeu des mots.
    Il y a une grande part d'humour dans son travail.
    "Produire à travers le langage, un occultisme de précision"
    Autrement dit, le mot et l'image sont toujours ancrés dans un rapport au corps.

    La subversion des principes de l'exposition
    La boîte-en-valise, 1935-41Marcel Duchamp
    C'est une boîte qui apparaît comme un musée portatif. Il est possible de le produire en plusieurs exemplaires. On joue ainsi sur la copie de l'oeuvre. Finalement, l'artiste gère lui même son exposition. C'est un travail qui symbolise la re-productibilité de l'oeuvre.

    Exposition à New-York, "Premiers papiers du surréalisme", 1942
    Marcel Duchamp Marcel Duchamp

     

    Duchamp « habite » cette exposition grâce à de grands fils de coton qui saturent cet espace. Ils empêchent la vision de l'artiste mais également du spectateur. Les fils de coton viennent donc saturer l’espace et empêcher la circulation du public. Ils troublent également la vision clairvoyante des œuvres.
    Duchamp renverse la situation du musée. Il
     convie les filles d'une amie à jouer au baseball lors de son vernissage : il renverse les codes. C'est un travail d’artiste critique, en effet, le but est de rendre invisible ce qui est donné à voir afin d'"aboutir à une pulsion du voir et donc de déconstruire l'œil pur et contemplatif, vers un œil incarné et critique."
     

    Prière de toucher, 1945
    Marcel Duchamp Marcel Duchamp Volonté d'inviter le spectateur à avoir un rapport corporel à l'oeuvre. On a également une transgression des codes encore une fois ici. En effet, dans les musées il est plutôt indiqué "prière de ne pas toucher", or ici c'est tout le contraire. et on retrouve toujours la dimension humouristique et provocatrice de Duchamp à travers cette oeuvre.
    Pour Duchamp, c'est le spectateur qui fait l'oeuvre. 

    La pulsion du voir pour une vision incarnée
    On va donc s'intéresser plus tard à la manière dont le spectateur va regarder l'oeuvre.
    "Ouvrir la peinture sur le monde" : l'intégrer au monde réel et faire pénétrer le spectateur dans l'image.
    Le Grand verre, la mariée mise à nu par ses célibataires même, 1915-1923
    Cette oeuvre est composée de deux panneaux de verre assemblés, peints pour partie à l'huile, et comprenant des inserts en plomb, de la poussière, etc. Elle fut brisée involontairement quelques années plus tard puis reconstituée. Elle est actuellement exposée au Philadelphia Museum of Art.
    Marcel Duchamp Marcel Duchamp, avec cette oeuvre va essayer d'intégrer le monde réel dans l'oeuvre, ici les plaques de verre. Cette oeuvre est tirée de plusieurs techniques : peinture et dessin mais également une autre technique, beaucoup moins conventionnelle : l'élevage de la poussière. Cette poussière va permettre à l'oeuvre de s'intégrer dans le monde réel et également amener à cette question du hasard. 
    Il maîtrise par cette oeuvre les techniques de la peinture, de la sculpture, du dessin, etc, pour les renverser. Duchamp exploite le verre pour sa transparence et pour retrouver cette idée de la fenêtre ouverte sur le monde. Il exploite l'espace réel et le monde allégorique.
    Duchamp a dessiné des sortes de figures mécaniques, statiques qui vont tenter de représenter le mouvement. Il est censé mettre en oeuvre un système mécanique.
    Les célibataires sont représentés par leur uniforme et une broyeuse de chocolat censée représenter pour Duchamp, le mécanisme sexuel. Finalement, cette oeuvre est une métaphore de l'acte sexuel qui va arriver.

    Schéma explicatif de l'oeuvre :
    Marcel Duchamp

    1 - Broyeuse de chocolat.
    2 - Glissière.

    2A -Agrafe motrice et chaîne de révolution.
    2B -Pédale en sous-sol.
    2C -Moulin à eau.
    3 - Grands ciseaux.
    4 - Célibataires.
    5 - Tubes capillaires.
    6 - Horizon — vêtements de la Mariée.
    7 - Mariée, tête ou yeux.
    7A -Anneau de suspension du Pendu femelle.
    7B -Guêpe.
    7C -Girouette.
    8 - Voie lactée chair.
    8A -Allongement météorologique.
    8B -Aller-retour des lettres de l'Inscription.
    9 - Tamis.
    10 -Pentes d'écoulement.
    10A-Mobile de l'éclaboussure.
    10B-Fracas — éclaboussures.
    11 -Canon
    11A et 11B-Béliers du combat de boxe.
    12 -Tableaux d'oculiste.
    13 -Tirés.
    14A-"Trépied" du jongleur-manieur-soigneur de gravité.
    14B-Ressort du jongleur-manieur-soigneur de gravité.
    14C-Plateau et boule noire du soigneur de gravité.

    Marcel Duchamp Marcel Duchamp

     

     

     

     

    Proposer un monde poétique, abstrait, allégorique, une histoire à construire par le spectateur

    Dans cette oeuvre, la partie inférieure représente un monde de machines où y sont figurés les célibataires (moules mâlics) et le mécanisme sexuel (la broyeuse de chocolat).
    La partie supérieure représente, lui, un monde abstrait où s'y trouve la mariée (voie lactée, univers, souffle). 
    Finalement, cette oeuvre est une métaphore de l'univers, de la vie, du souffle, du vent. Ici on exclu le plaisir, la parole et le regard.
    On a des réelles intéractions entre la biologique/mécanique ; le réel/allégorique ; le pictural/photographique afin de bouleverser la vision du spectateur devant un tableau et motiver un regard différent sur le corps.

    Duchamp travaille également sur l'érotisme, notamment avec son oeuvre Mona Lisa, LHOOQ.
    Marcel Duchamp Cette oeuvre est un ready-made rectifié. On a un réel rapport au corps. C'est une évocation de ses tourments de sa vie sexuelle et charnelle, et une référence aussi à la homo-sexualité sous-entendue, de Léonard de Vinci

     

     

     

     

    L'empreinte du corps : une technique pour piéger le spectateur
    Le gainage
    Etant donnés : 1.la chute d'eau ; 2.le gaz d'éclairage, 1946-1966
    Cette oeuvre est une installation qui présente qui présente deux visions opposées. Tout d'abord, cette oeuvre est une installation dans le musée ; on y voit une porte avec un trou. Ce trou est là pour souligner le statut de voyeur du spectateur. 
    A travers le trou, on y voit le corps d'une femme nu, mort étendu dans la végétation ainsi qu'une lampe à pétrole. Ce corps se veut être un mannequin en plastique recouvert d'une couche de cuir, un épiderme qui permet de mouler le corps par la peau.
    La question est "est-ce que l'habit fait le sexe ?"
    On a une réelle notion d'ob-scénité avec ce ready-made. C'est une oeuvre qui prend au piège le spectateur, le voyeur. Il est stupéfait et sidéré. Duchamp fait en sorte que le voyeur butte sur le sexe féminin offert à la vu des voyeurs. Le sexe est imberbe, la question du poil est assez particulière chez Duchamp. Il passe outre le masculin et le féminin.

    Marcel Duchamp Marcel Duchamp

     

     

     

     

     

     

     

    L'empreinte
    Not a shoe, 1950
    Marcel Duchamp
    Ici, on trouve la référence à l'expression courante "trouver chaussure à son pied", sauf qu'ici on ne parle pas de chaussure mais de sexe !
    Cette oeuvre est un moulage de sexe féminin, Duchamp a effectué un moulage de sexe féminin seulement il a renversé la forme et donc ainsi réaliser une contre-forme. Finalement, il renverse le sexe. Nous sommes plongés dans un réel espace de transition. C'est un travail sur une partie du corps, censé être une fente. L'empreinte dédouble de sens. Il se produit un contact entre la forme concave et la forme convexe du moulage et du sexe. On y trouve une ressemblance négative.
    Duchamp aime la transfiguration et la transition des sexes.

    Le moulage
    Marcel Duchamp
    Il associe deux techniques dans une même oeuvre. Ici le dessin et le moulage en plâtre. Duchamp essaye de tirer le dessin vers l'empreinte. Ce qui définit l'origine de la peintre, on a ici un travail sur l'impression de l'ombre du corps sur une surface.
    On a une opposition entre les deux savoir-faire. Duchamp tente de faire adhérer le moulage et le dessin. Le dessin se donne à voir comme un relevé d'ombres qui est matérialisé par la joue, par un lieu du corps moulé. 
    On remarque que les pores de la peau sont visibles.

     

     

    Conclusion
    Duchamp bouleverse radicalement l'art du XXème siècle avec l'invention du ready-made. Ces ready-made sont des expositions d'objets déjà fait. Il est à la naissance de nombreuses pratiques artistiques. Il devient possible d'utiliser un objet sans très grande transformation : le retournement et la signature, comme l'a fait Duchamp avec son Urinoir. 
    Duchamp ouvre les historiens de l'art à des questions complexes ; il interroge la notion "d'art".


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