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Le cubisme à travers les recherches de Pablo Picasso
Le cubisme : le cubisme est le nom d'une méthode, d'une technique et un ensemble d'une recherche formelle qui vont révolutionner l'histoire de la représentation de l'espace pictural.
Les deux grands noms du cubisme sont Pablo Picasso (1881-1973) et Georges Braque (1882-1963).
Les recherches plastiques de ces deux artistes vont intéresser plusieurs artistes de ces périodes mais également encore aujourd'hui. On les appelle les cubistes : Robert Delaunay, André Derain, Juan Gris (Le livre), Fernand Léger, Pitt Mondrian, Kasimir Malevitch, Marcel Duchamp (Nu descendant un escalier).
Pour cet article sur le cubisme, nous nous intéresserons tout d'abord à l'histoire de la perspective. La perspective est un mode de construction et de perception du réel qui est fondé habituellement sur la relation entre le spectateur et le tableau.
Il existe quatre sortes de perspectives :
- la perspective centrale
- la perspective atmosphérique
- la perspective cavalière
- la perspective linéaire.
Dans l'Antiquité apparaît une première perspective dans l'Occident médiéval à la suite des travaux d'Euclide et d'Alhacen : il s'agit de la perspectiva naturalis. Cette perspective s'occupe de problèmes de réfraction, réflexion, grandeur apparente, illusions, lumière et ombre. En lien avec l'optique et aux prestiges de la vue claire, elle suppose une relation immédiate entre le sujet voyant et les objets visibles. Le spectateur de la perspectiva naturalis n'est pas séparé de ce qu'il regarde.
Plus tard, à la Renaissance, c'est l'apparition d'une nouvelle perspective appelée la perspectiva artificialis. Brunellischi et Alberti vont éditer les normes de l'espace. ils vont essayer de trouver une technique mécanique pour retranscrire la perspective. Et finalement c'est l'invention de Brunellischi qui le permettra : la tavoletta.
La tavoletta est un panneau de bois percé d’un trou pour l’œil. Au revers, Brunellischi peint un quartier de la ville de Florence ; dans sa partie supérieure, il fixe une plaque de métal qui reflète le ciel. Enfin, pour compléter l’ensemble, le spectateur, qui a placé son œil dans le trou, doit tenir face à lui un miroir qui lui renvoie l’image de la ville peinte et la vision d’un ciel réel (cf. dessin). Ainsi, le spectateur a le sentiment de regarder réellement la ville grâce au jeu de miroir.
C'est vers 1436 que Léon Battista Alberti écrit le premier traité De pictura, Méthode de construction. Il y formule et explique le principe de la transcription d’un objet en trois dimensions sur une surface plane. Ce n'est pas la dimension du spectateur qui est pris en compte mais son œil. La perspective est quelque chose d'intégrer et de profond et elle s'inscrit dans notre espace culturel. C'est précisément à cet espace que Picasso va s'attaquer. Il va transformer notre manière de voir, et la manière dont l'artiste voit les choses.
C'est donc en 1907 que Picasso peindra Les demoiselles d'Avignon.
C'est la toile charnière entre deux périodes : la période bleue et rose, et la période cubiste. Elle marque une révolution ; une révolution assumée qui prend des références antérieures, notamment au Bain Turc d'Ingres. A travers Les demoiselles d'Avignon, le spectateur est totalement ancré dans le tableau et Picasso cherche à détruire l'héritage de l'histoire de l'art sans le nier.
Il va nous montrer qu'il a tout à fait conscience de la peinture qui le précède.
En effet, Picasso est influencé par Rodin et ses études de nus, et également par les Grandes Baigneuses et les Cinq Baigneuses de Cézanne. (le cubisme cézanien)
Les visages très sculpturaux des Demoiselles d'Avignon, font référence aux masques égyptiens et africains. Picasso essaie en observant ces oeuvres d'art primitif, de se réapproprié ces traits qui leur appartiennent. Il tire cette simplification des formes de Cézanne.
Cézanne disait "Traite la nature par le cylindre, la sphère et le cône, le tout mis en perspective, que chaque côté d'un objet, d'un plan se dirige vers un point central". Chez Picasso on va vite perdre cette idée de personnification tandis que Cézanne garde cette identification du corps humain.
Pour tous ces aspects énumérés le spectateur se trouve déranger dans cette vision. Ce tableau est entre la maitrise de la tradition mais elle a également un rapport à la nouveauté. Il y a un chaos qui induit le spectateur a entré dans la toile. La peinture n'est plus exposée comme un miroir du monde mais « comme une fenêtre ouverte sur le monde ».
Picasso ne veut pas être au plus proche de la représentation de la nature.
Au fil du temps, le cubisme évolue : c'est la venue du cubisme analytique et du cubisme synthétique.
Selon Braque et Picasso le cubisme c'est :
- l'absence de distinction entre le fond et la figuration
- l'abolition de l'illusion de la profondeur
- la décomposition des objets et de l'espace comme processus d'agrégation formelle
Le cubisme analytique (1908-1913)
Cette seconde phase du cubisme fait référence à la manière dont les peintres ont pu décomposer la figure réelle en plusieurs facettes, on fait souvent référence à un miroir brisé. On fragmente la réalité et on reconstruit. On frôle l'abstraction ici.
Les portraits et les natures-mortes sont de moins en moins identifiables.
En 1910, Picasso peint La Femme à la Mandoline.
Son objectif dans cette oeuvre est double : briser l'unité figurative et briser le volume homogène. Picasso cherche à accentuer la planéïté de la toile. Il entreprend une étude rationnelle. La peinture ne vise pas à rendre l'illusion mais à répéter cette surface.
Ensuite à partir de 1910, on entre dans une troisième phase du cubisme.
Le cubisme synthétique
Ils s'aperçoivent que l'abstraction est la dernière étape pour eux. Ils frôlent l'abstraction mais ils veulent retrouver un lien avec la réalité. Ils ont besoin de signifiants.
Ils vont donc s'attacher à la notion des signes. Ils vont insérer dans leur peinture des lettres, des mots à la main ou à l'aide de pochoirs.
En 1912, Picasso crée L'aficionado.
Le spectateur a beaucoup de difficulté à reconstruire une forme globale de la peinture. Ici Picasso part d'un travail formel, abstrait. On part d'une décomposition pour finalement arriver à la réalité. C'est un vrai pas en avant pour Picasso d'insérer des mots etc, à ces tableaux. Cela nous aide à recomposer la scène. Le spectateur est donc actif et non pas passif devant le tableau. La peinture ne se suffit pas à elle même, le spectateur doit faire un détour afin de comprendre la toile.
Conclusion : avec toutes ces recherches, Picasso a convenu à une nouvelle conception de l'art, à un nouveau rapport au réel, à travers ces œuvres du 1er cubisme il nous pose cette question Qu'est ce que le réel et qu'est ce que la figure ?
Ces deux éléments sont en fait des notions historiques et culturelles.
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